Les troubles du comportement alimentaire – troubles de « l’oralité – apparaissent souvent à la puberté, plus précisément, lorsqu’il s’agit d’une fille, au moment où son corps se transforme en celui d’une femme.

Cette étape du développement peut être mal vécue, mal assumée, voire refusée de façon inconsciente.

Rappelons qu’au stade où cette même jeune fille était un nourrisson, elle était dominée par un fort besoin d’ « incorporation » et de « dévoration », sous l’emprise de ces émotions avides d’un vide à remplir immédiatement… On parle dès lors d’ « oralité ».

Il en est de même quelques années après ! Cette personne « orale » montre une incapacité à attendre, des comportements excessifs, des alternances émotionnelles passant de la joie à la tristesse, de l’admiration à la colère, du sentiment de sécurité à l’angoisse, etc…

La personne fait mal la différence entre le soi et le non-soi : elle vit toute relation sur un mode fusionnel, passif et dépendant de l’autre, alternant entre l’avidité affective et le rejet brutal.

Les comportements boulimiques hyperphages diffèrent des comportements anorexiques :

La personne au comportement boulimique et hyperphage est sous le joug de pulsions orales de dévoration. A contrario, la personne au comportement anorexique tente de contrôler avec succès ces pulsions. Elle peut également adopter des tocs de type rituels, des vérifications, des facettes d’ « hypermaîtrise », qui ne sont que des mécanismes de défense visant à contrecarrer l’angoisse sous-jacente.

Le corps est nié, l’intellect est idéalisé.

Il y a chez cette personne anorexique un mouvement régressif intense qui l’entraîne vers un repli sur elle-même primitif, qui amènerait vers un comportement caractérisé par le désir excessif de puissance, une forme de mégalomanie, de désir de « toute puissance » gardé secret ou non conscientisé.

Il s’agit d’une forme masochiste de non-satisfaction d’un besoin vital, une sorte d’ « orgasme de la faim ».

Le plaisir du refus de l’anorexie vise à l’autonomie vis-à-vis du monde extérieur et de l’entourage.

Cela rappelle le « non » du tout jeune enfant, qui exprime ainsi son existence et son pouvoir grandissant face à la dépendance et face à l’autre.

L’anorexique renforce par son refus alimentaire un sentiment d’existence défaillant.

Un vécu corporel et émotionnel flou :

Les troubles alimentaires signent un défaut de distinction entre les besoins corporels d’ordre physiologique et les besoins émotionnels d’ordre affectif. Sont amalgamées les sensations de faim / satiété et les émotions d’angoisse/colère par exemple.

De toute évidence, cette nette confusion entre sensations et émotions engendre des troubles de la perception de l’image du corps.

On peut remarquer que les personnes au comportement boulimique et hyperphage mangent au lieu d’exprimer voire de ressentir des émotions, et ce, qu’elles soient positives ou négatives.

Les personnes au comportement anorexique tentent, elles, de s’autonomiser par le contrôle d’ « un corps » et de ses besoins physiologiques. C’est ainsi qu’elle tente d’exister aux yeux des autres et à ses propres yeux.

Un trouble de l’identité :

Je remarque ce grand paradoxe : alors que l’une tente d’exister par un corps qui prend plus de place, l’autre tente d’exister par un corps qui s’efface.

Or, l’une comme l’autre éprouvent une problématique identitaire, qui se précise dans un conflit interne entre la dépendance et l’autonomie.

Un trouble de l’identité :

La nourriture, tout comme une drogue, est une addiction « buccale ».

En cabinet, je rappelle sans cesse que le premier « agent de sécurité » dans une vie est (censé être) celle qui nous a mis au monde. Cette même figure a été allaitante ou biberonnante, toujours est-il qu’elle nous a rassuré(e) par la bouche. Combien de pleurs de bébés sont-ils court-circuités par un bouchon dans la bouche (tétine) ?!

La personne au comportement anorexique développe à la fois une dépendance à la mère et un refus absolu de cette dépendance.

La question pour elle est alors : « Comment m’éloigner de celle dont je suis dépendante ? ».

La première étape du comportement anorexique est la tentative d’annulation de cette dépendance. Puis l’échec de la prise d’indépendance amène à une deuxième étape où la personne installe une relation d’emprise sadomasochiste de type manipulatoire afin d’empêcher un effondrement narcissique.

La boulimie agit comme « court-circuit émotionnel ».

La personne est dans l’impossibilité de conscientiser ses conflits internes. C’est par le comportement boulimique/hyperphagique que peut s’opérer une décharge émotionnelle. L’hyperphagie est similaire à un passage à l’acte permettant la libération des pulsions latentes de ces personnes intolérantes à la frustration et dépendantes de leur environnement pour la satisfaction de leurs besoins.

Ce comportement est comparable à celui du comportement addictif (toxicomanie, alcoolisme), avec « passage à l’acte ».

Ces passages à l’acte compulsifs peuvent prendre différentes formes : boulimies, conduites sexuelles irréfléchies, kleptomanie, conduites d’autodestruction ou violentes etc…

Déroulé d’une séance

En séance, il est primordial dans mon axe de travail de permettre que soient rendus conscients les états émotionnels des personnes qui parfois souffrent d’alexithymie (incapacité à ressentir ses propres émotions).

Lors du premier rdv, l’anamnèse du patient a pour objectif de définir l’origine des troubles et la trame de la problématique. Ainsi, nous pouvons ensemble préciser notre « plan de travail », que ce soit en hypnothérapie analytique (hypnose + travail analytique), en thérapie brève ou en psychanalyse simple.