De l’hypnothérapie à l’hypnothérapie analytique

L’hypnose, qui représente un état particulier de conscience, ne constitue pas une thérapie en soi. L’hypnothérapie est une forme de traitement où l’état hypnotique est utilisé dans le cadre d’une thérapie brève.

Le nombre de séances dépend de la personne qui consulte et du problème à traiter. L’hypnothérapie comprend généralement de 5 à quelques dizaines de séances, à raison d’une à  2 séances par mois.

Le contenu de chaque séance est variable selon le travail thérapeutique à effectuer. L’hypnothérapie telle que je la pratique, utilise des concepts provenant de la psychanalyse et est associée à des techniques de thérapies brèves ainsi qu’à des approches Ericksoniennes et Elmaniennes.

Du temps de Freud, la pratique de l’hypnose clinique se réduisait à la suppression des symptômes par l’emploi de suggestions directes. Le symptôme a une signification pour le patient. Si le praticien se contente d’enlever le symptôme par une suggestion hypnotique directe, ce symptôme peut réapparaître sous cette même forme ou peut se manifester d’une autre manière. C’est une des raisons pour lesquelles Freud s’est écarté de l’hypnose. Actuellement, une telle approche n’est plus utilisée par les praticiens soucieux du bien-être du patient.

Pour traiter la cause de la problématique, une 1ère séance d’entretien en « face à face » est nécessaire afin, que consciemment, nous allions investiguer votre histoire émotionnelle. Cette 1ère séance permet de faire des ponts immenses entre votre vécu et votre problématique actuelle, quelle qu’elle soit. C’est en quelque sorte un grand bond en arrière, qui nous permet un grand pont vers l’avenir. Ce grand pont oriente le protocole que notre suivi en hypnothérapie.

L’hypnothérapie peut avoir recours à l’hypnothérapie analytique.

En état hypnotique, le patient a accès aux informations contenues dans l’inconscient. En s’exprimant dans cet état, le patient peut prendre conscience des raisons inconscientes de sa problématique. Par ailleurs, il existe des techniques hypnotiques variées d’exploration de l’inconscient : régression dans le temps, rêve hypnotique, réponses idéomotrices (« signaling » par mouvements des doigts), thérapie des états du moi… L’hypnothérapie analytique constitue ainsi une psychothérapie « en profondeur » beaucoup plus rapide qu’une psychanalyse classique.

L’hypnothérapie analytique permet de traiter la cause de la souffrance du patient. Les techniques de thérapie brève et analytique associées à l’hypnose aide au changement, d’une manière appropriée, dans la façon d’être, et de ressentir les choses et de se comporter.

Les ressources du patient aussi bien que les résistances sont utiles. Le conscient étant limité par ses croyances et par ses préjugés, l’état hypnotique permet d’accéder aux ressources de l’inconscient peu disponibles à l’état de veille ordinaire. Les différents phénomènes hypnotiques tels que les suggestions post-hypnotiques, l’analgésie, la distorsion du temps peuvent également être utilisés en thérapie. Pour contourner les résistances, on peut recourir à l’emploi de métaphores et de suggestions indirectes. Ces approches ont été développées par le célèbre psychiatre de Phoenix (Arizona, USA), Milton H. Erickson (1901-1980).

Avant la psychanalyse, Freud avait essayé d’analyser le patient sous hypnose. Cette technique a été abandonnée depuis. 

À la fin du 19ème siècle, on ne pratiquait pas encore l’hypnose comme aujourd’hui.

On ne lui connaissait en fait que deux applications : l’hypnoanalgésie, pour contrôler la douleur, et la suppression du symptôme.

Les spécialistes français, tels que Bernheim ou Liebault, utilisaient les suggestions directes dans le but d’enlever le symptôme. Lorsqu’un patient se présentait avec un mal de tête, on le plongeait en hypnose rapidement et on lui disait « vous n’aurez plus mal à la tête »…

Ça marchait très bien parce que, à l’époque, les médecins avaient un prestige beaucoup plus important sur le plan social qu’aujourd’hui, et que le patient acceptait plus facilement les suggestions.

Au début de sa carrière, Freud est venu en France pour se former à l’hypnose auprès de Charcot à la Salpêtrière, et de Bernheim et Liebault à Nancy.

Sigmund FreudAu commencement, il n’était pas contre cette forme d’hypnose directe. D’ailleurs, de retour à Vienne, fasciné par ces travaux, il a même traduit en Allemand les deux ouvrages de Bernheim sur la suggestion et l’hypnose.

 Mais, avec le temps, il s’est rendu compte qu’une fois enlevé par suggestion directe, le symptôme pouvait revenir sous la même forme, ou sous une autre forme que l’on appelle « symptôme de substitution ». D’après Freud, le symptôme a une signification pour le patient et se rattache étroitement à sa vie psychique.

Et quand on ne tient pas compte de cela, ce symptôme revient.

Et, il avait raison !

Il s’est donc écarté de l’hypnose pour développer l’association libre, l’analyse des rêves, etc., afin d’avoir accès à l’inconscient et d’aider ainsi le patient à comprendre le pourquoi du symptôme.

Cela dit, il y avait en réalité de nombreuses autres raisons, beaucoup plus subjectives, à son rejet de l’hypnose. Dans « Ma vie et la psychanalyse », son livre autobiographique, il raconte qu’après une séance d’hypnose dans un cadre hospitalier sa patiente était si contente qu’elle s’est jetée sur lui pour l’embrasser… au moment précis où un infirmier entrait dans le service.

Et Freud était si gêné qu’il a préféré dire que l’hypnose créait un transfert massif impossible à gérer plutôt que d’accuser sa patiente d’avoir des mœurs légères.

D’autre part, il n’était pas très à l’aise avec l’hypnose.

Quand on lit les études sur l’hystérie, ouvrage qu’il a écrit en collaboration avec son confrère Joseph Breuer, on trouve le cas de Lucie R.

Freud hypnotisa cette demoiselle en lui disant « Mademoiselle, vous dormez ! ».

Ce à quoi elle répondit « Non, Docteur, je ne dors pas ».

Freud fut donc obligé de préciser : « Je ne parle pas de ce sommeil, je parle du sommeil hypnotique »…

Bref, il était très mal à l’aise dans cette technique.

Et puis il croyait aussi qu’il faut atteindre un état profond d’hypnose pour que le sujet soit guéri. Aujourd’hui, tout le monde ne partage pas cet avis.

Depuis Freud, l’hypnothérapie analytique a progressé.

Au début du 20ème siècle, comme Freud était très influent, tout le monde laisse tomber l’hypnose. Puis vient la première guerre mondiale où beaucoup de personnes ont été traumatisées, et où il fallait une psychothérapie de courte durée, efficace et en profondeur.

On a donc pensé associer l’hypnose à tout ce que Freud venait de découvrir en psychanalyse. C’est ce qui a donné l’hypnoanalyse. Le mot vient de « hypnoanalysis », concept fondé par le Britannique Hadfield.

Toujours est-il que cette hypnoanalyse permettait de pratiquer une sorte de psychanalyse pendant que le patient était en état hypnotique.

Ainsi pouvait-on accéder plus rapidement à l’inconscient pour traiter les problèmes en profondeur.

Pour ma part, je préfère le terme d’hypnothérapie analytique, plus juste dans ma pratique, car j’associe des techniques de thérapies variées, investiguant tant la cause que les moyens rapides d’y remédier, en alliant des outils de thérapies brèves et analytiques à l’hypnose.

Il existe plusieurs types d’hypnothérapie, comme il existe plusieurs types d’hypnose.

Il y a plusieurs manières de faire de l’hypnothérapie. Mais il faut d’abord distinguer entre hypnose et hypnothérapie.

 L’hypnose, c’est tout simplement un état modifié de conscience, un état de détente et de concentration de l’esprit. Ça s’arrête là !

Ce n’est pas l’hypnose qui guérit.

 L’hypnothérapie, quant à elle, consiste à utiliser cet état dans le cadre d’une thérapie brève ou analytique.

On a vu qu’à la fin du 19ème siècle, on enlevait le symptôme par suggestion directe, et que cette première hypnothérapie donnait de piètres résultats. Elle n’est donc pas conseillable.

Mais on a dit aussi que, par la suite, une deuxième manière de pratiquer l’hypnothérapie avait vu le jour, consistant à faire une hypnothérapie analytique.

Aujourd’hui, enfin, tout au moins dans l’hypnothérapie telle que je la pratique, il y a trois aspects :

– Premièrement, il s’agit de découvrir l’événement qui est à la base du problème. On fait une régression en âge pour remonter souvent jusqu’à l’enfance…

C’est comparable à l’anamnèse psychanalytique. C’est là qu’on rejoint la psychanalyse. Freud disait que les problèmes actuels sont souvent dus à ce qu’on a vécu pendant l’enfance.

En conséquence, l’hypnothérapie analytique utilise des techniques sophistiquées comme le pont d’affect (en remontant, en hypnose, jusqu’à la première fois où on a connu le problème), ou les réponses idéomotrices où l’on interroge l’inconscient du sujet grâce aux mouvements de ses doigts.

Si l’anamnèse ne l’a pas permis, grâce à l’hypnothérapie analytique on découvre donc l’événement.

C’est la première étape.

 – Dans un deuxième temps, il faut atténuer l’affect associé à cet événement.

 – Enfin, la troisième étape utilise les techniques cognitives afin de modifier les croyances erronées liées à l’événement. C’est une redéfinition, une modification de la croyance, qui s’opère naturellement en état d’hypnose.

L’hypnothérapie analytique par rapport à la psychanalyse :

La rapidité : en très peu de séances on va au but en hypnothérapie analytique.

Pour des problèmes psychosomatiques comme la migraine, l’asthme, l’allergie ou le syndrome de l’intestin irritable, des angoisses ou des phobies il faut compter entre 5 et 15 séances, pour un travail approfondi et durable.

Mais un autre avantage réside dans le fait que, dans l’hypnothérapie analytique, on intègre non seulement les notions qui viennent de la psychanalyse de Freud, mais aussi les méthodes cognitives qui aident à changer.

Les techniques psychanalytiques permettent de comprendre le pourquoi du symptôme, et l’approche cognitive aide dans le « comment changer ».

Les deux approches sont complémentaires.

Quand et pourquoi entreprend-on une hypnothérapie analytique ?

Cette forme de thérapie s’applique à peu près à tout.

Mais il y a certains problèmes pour lesquels on n’a pas besoin d’hypnothérapie analytique.

Par exemple, quelqu’un qui se sent bien dans sa peau, qui n’a pas de problèmes émotionnels ou relationnels, pas de dépression ni d’angoisse,  mais qui doit s’arrêter de fumer, n’a besoin que de la série des quatre séances du protocole anti-tabac.

Pour les verrues, non plus, il n’y a pas besoin d’hypnothérapie analytique. On fait un conditionnement sensoriel, c’est-à-dire qu’on provoque sous hypnose une hyperesthésie, une chaleur, localisée dans la verrue, qui va la faire disparaître.

En revanche, pour d’autres problèmes comme les angoisses ou les phobies l’hypnothérapie analytique est indiquée.

Dans la dépression c’est un peu différent puisqu’il faut d’abord orienter le patient vers le futur, mais on emploie aussi l’hypnothérapie analytique.

Au-delà, cette hypnothérapie traite tous les comportements alimentaires, anorexie, boulimie, et les problèmes psychosomatiques comme migraines, asthme, allergie, insomnie…

Il est à noter que la plupart des problèmes dermatologiques sont psychosomatiques. 

On le constate fréquemment : lorsqu’un dermatologue donne des médicaments contre l’eczéma ou le psoriasis, bien souvent ça disparaît pour revenir au bout d’un mois parce que les facteurs psychologiques n’ont pas été traités.

Les causes psychologiques des problèmes psychosomatiques sont diverses. Ce peut être, par exemple, un problème d’identification. Lorsqu’une petite fille voit sa mère avoir la migraine, elle pourra, plus tard, avoir elle aussi la migraine.

Ou bien un conflit intérieur. On fait une chose et en même temps son contraire.

À moins que ce qu’on veuille faire soit en contradiction avec ce que l’entourage attend. Ce conflit crée une angoisse susceptible de se transformer en symptôme.

Il peut aussi y avoir un événement traumatisant dans le passé, ou bien un sentiment de culpabilité, un besoin d’autopunition…

Et tout cela, on peut l’explorer et le traiter en hypnothérapie analytique.

Les mécanismes psychiques à l’œuvre dans le processus hypnoanalytique

Tout le monde a tendance à refouler les événements du passé les plus désagréables. Le patient ne s’en souvient donc pas consciemment.

Or, en hypnose, ses résistances sont amoindries. On a donc plus facilement accès à du matériel inconscient.

En psychanalyse, il faut que le transfert s’installe… et ça prend du temps. Alors qu’en hypnothérapie analytique la relation hypnotique génère presque immédiatement la confiance entre le patient et le thérapeute.

De plus, l’insight, c’est-à-dire la prise de conscience de la cause du problème, arrive beaucoup plus rapidement en hypnothérapie analytique que dans la psychanalyse classique.

Par ailleurs, l’hypnothérapie analytique entraîne une catharsis, une libération de l’affect bloqué au moment de l’événement traumatisant.

Enfin, la thérapie hypnoanalytique permet d’intégrer les événements du passé dans le présent, de manière à ce que le passé cesse d’influencer négativement le présent.

Prenons un exemple.

Une patiente qui a des problèmes respiratoires depuis la prime enfance, et qui subit une gêne respiratoire permanente,  aggravée en ville ou dans la fumée.

Je fais une séance d’hypnothérapie analytique pour remonter au passé, jusqu’à la première fois où elle a connu ces difficultés…

On découvre que lorsqu’elle était un bébé de trois à six mois, en dormant, elle s’est étouffée avec son drap. On fait alors appel à l’adulte qui est en elle pour comprendre que ce n’est pas un événement qui risque de se reproduire dans le présent. L’adulte explique au bébé que maintenant l’événement est fini.

Du moment où elle a compris l’origine du problème, elle peut se sentir libérée du symptôme.

Dès qu’on comprend l’origine du symptôme, on se libère de toute émotion désagréable liée l’événement. À la suite de la prise de conscience, il faut toutefois pratiquer une sorte de remaniement psychique où vont se trouver modifiées les croyances erronées sur soi et sur le monde.

Mais au bout de ce travail, les résultats seront là !

Il existe différents types d’hypnothérapie analytique, comme on parle de différents types d’hypnothérapies.

Certains pensent qu’il suffit de découvrir la cause des problèmes pour qu’ils soient résolus.

À mon sens, ça ne se passe pas comme ça ! La prise de conscience, en soi, ne fait pas forcément disparaître le symptôme.

Tous les psychiatres connaissent des cas où la prise de conscience suffit, mais ils savent aussi que dans d’autres cas le patient a très bien compris le pourquoi du symptôme… mais continue malgré tout de le subir.

Dans mon approche, la prise de conscience n’est que la première étape, suivie de l’amoindrissement de l’affect, et de la restructuration qui constitue, en réalité, la part la plus importante.

Comment l’hypnothérapie analytique s’articule-t-elle avec l’hypnothérapie ?

Cette approche est une manière de pratiquer l’hypnothérapie parmi d’autres.

Les ericksonniens purs et durs, ne s’inquiétant pas du passé et ne cherchant qu’à modifier le présent à l’aide de métaphores ou en utilisant les ressources du patient, ne font pas d’hypnothérapie analytique.

Mais, il est certain que, sur le plan culturel, en France les gens ont besoin de comprendre le pourquoi du symptôme.

Beaucoup d’hypnothérapies consistent à donner un poisson à quelqu’un qui a faim, alors que l’hypnothérapie analytique lui apprend à pêcher.

 

Annelise Barrau Yvars
Hypnothérapeute, Hypnoanalyste

N.B. Ce texte de présentation de l’hypnothérapie analytique comporte des propos recueillis par Jean-Baptiste Loin auprès du Docteur ès lettres et docteur en psychologie clinique, Djayabala Varma.

Propos tellement justes, que je les partage avec vous, dans ma pratique de l’hypnothérapie et de l’hypnothérapie analytique.

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